Accès à l’enseignement supérieur en France: une démocratisation réelle mais de faible ampleur
La démocratisation lente et désormais ancienne de l’école concerne aussi l’enseignement
supérieur. Mais l’ouverture rapide du supérieur depuis le début des années
1980 et la diversifi cation de son offre éducative, notamment le développement des
fi lières courtes à fi nalité professionnelle, invitent à réexaminer la question de la
réduction des inégalités sociales devant l’école. La réalité de cette démocratisation
est en effet doublement contestée. D’une part, elle concernerait essentiellement
les cycles courts du supérieur, le mouvement de démocratisation s’essouffl ant pour
les diplômes plus élevés. D’autre part, les inégalités auraient changé de forme et
concerneraient désormais la nature des études suivies. La compilation des enquêtes
Emploi de 1990 à 2002 permet d’étudier l’évolution du lien entre origine sociale et
diplôme à une échelle fi ne.
L’ouverture du supérieur ne s’est pas accompagnée d’une pause dans le mouvement
de démocratisation et ce, quel que soit le niveau de diplôme considéré. Plus encore, la
démocratisation du supérieur a été de même ampleur à ses différents niveaux de diplô-
mes. Elle a été en revanche moins marquée que celle du baccalauréat. Mesurée à niveau
de sélection constant, afi n de neutraliser l’éventuelle dévalorisation des titres scolaires,
la baisse de la sélectivité sociale du supérieur est encore avérée. La démocratisation du
supérieur reste cependant de faible ampleur.
Pour les fi lles, la phase d’explosion du supérieur est allée de pair avec un renforcement
de la polarisation sociale des différents domaines d’études. En particulier, celle
des études de médecine et de droit, déjà marquée, s’est encore accrue. En revanche, la
polarisation sociale des fi lières choisies par les garçons semble plutôt constante au fi l
des générations.
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